La reine et le miroir
Traduit de l'anglais par Guillaume Cabanac
Quelque part, près du rivage de la Mer-sans-fin, se profilait un palais de conte de fées. Une reine immensément riche habitait ce palais. Seuls ses caprices et sa vanité surpassaient sa richesse. Le roi avait aussi vécu dans le palais par le passé mais il en eut assez des caprices et de la vanité de la reine. Comme d’autres rois de cette époque, il lui vint l’idée de partir à la chasse aux lions. Le lion le plus proche étant à quelques milliers de kilomètres du palais, il fit construire un chalet de chasse là-bas et déménagea dans ce chalet avec ses meilleurs amis. Ils tuaient le temps à coup de festins et de jeux de cartes car ils avaient, en fait, peur des lions et s’en seraient voulu de les prendre en ligne de mire.
Le roi avait confié les rênes de son pays à un conseiller de confiance (qui avait pris toutes les décisions importantes par le passé, de toute façon). Tous les serviteurs du palais étaient à la merci des caprices et du bon plaisir de la reine. Cette situation engendra labeur et tracas pour les centaines de serviteurs, gentilshommes et dames d’honneur car les plaisirs, désirs et ordres de la reine ne connaissaient pas de limite.
Le passetemps de la reine ne nécessitait personne à ses côtés, toutefois. Son activité préférée consistait à mirer sa propre beauté dans son miroir. Nous devons bien l’admettre: la reine était extrêmement belle. C’est pourquoi le roi, alors jeune prince, était tombé amoureux d’elle, ne se doutant aucunement alors des complications et effets secondaires à venir. On connaît désormais l’issue de ce conte de fées et les fantasmes du roi auraient pu avoir de fâcheuses conséquences pour les lions. Bien heureusement et au grand soulagement des protecteurs des animaux, aucun ne fut blessé.
Un beau jour, alors que la reine se mirait dans son miroir comme à son habitude, elle fut soudainement consternée. Elle perçut des rides autour de ses yeux. Elle ne put en croire ses yeux. Elle ordonna alors que toutes les lampes du palais soient rassemblées dans la salle du miroir pour qu’elle puisse s’observer à la lumière vive. Son désarroi croissait au fur et à mesure que la lumière se faisait plus claire. Elle perçut des rides autour de sa bouche et sur son cou. Cela ne pouvait plus durer! C’était forcément la faute de ce maudit miroir. Elle le considérait comme son meilleur ami jusqu’à présent et voilà qu’il se dressait contre elle! Telle haute trahison devait être vengée sur le champ.
«Brûlez ce miroir sur le bûcher!» ordonna la reine.
Les serviteurs se mirent immédiatement à empiler des bûches dans la cour du palais. On attacha fermement le miroir sur un pieu au centre du bûcher avant d’y mettre le feu.
La reine ordonna à ses serviteurs qu’on place son trône le plus confortable pile en face du bûcher afin qu’elle puisse apprécier pleinement, et de près, la destruction de son miroir si décevant. D’énormes flammes commencèrent à lécher le bûcher. Elles se muèrent ensuite en charbons ardents. Toutefois, le miroir se tenait encore au centre du bûcher. Fait de verre et d’argent, il résistait aux flammes du bûcher, tout simplement.
La reine tenta de brûler le scandaleux miroir sur une dizaine d’autres bûchers. Toutes ces tentatives furent en vain, comme pour la première, en fait. Enfin, pas tout à fait. L’effet répété des flammes avait déformé le miroir. Il renvoyait désormais une image autrement plus altérée à la reine lorsqu’elle s’y mirait.
La reine se déchaîna.
«Comme tout a échoué jusqu’à présent, je vais te détruire de mes propres mains!» cria-t-elle.
Elle partit chercher le fouet le plus cruel de son bourreau en chef.
«Je vais t’écrabouiller, sordide et malhonnête miroir!» criait la reine qui accourrait vers le miroir tout en se débattant avec le fouet.
Bien qu’elles ne faisaient pas grand mal au miroir, les bûches du bûcher qui se consumaient autour du miroir mirent rapidement le feu à la reine et elle fut réduite en poussière en un clin d’œil.
Tout se passa si vite que les serviteurs ne purent porter assistance à leur maîtresse. Ils n’auraient pas pu même s’ils l’avaient voulu. Inutile donc de chercher à savoir s’ils auraient voulu l’aider ou pas.
Bien mystérieusement, le reflet déformé de la reine s’est incrusté dans le miroir, préservant ainsi cette image pour toujours. Les serviteurs nettoyèrent les vestiges des bûchers et de la reine. Puis, ils replacèrent le miroir dans la salle du miroir où quiconque désirant être horrifié pouvait le voir.
Si d’aventure vous passez par là et en avez le courage, ne manquez pas l’opportunité de le voir.
Traduit de l'anglais par Guillaume Cabanac
Quelque part, près du rivage de la Mer-sans-fin, se profilait un palais de conte de fées. Une reine immensément riche habitait ce palais. Seuls ses caprices et sa vanité surpassaient sa richesse. Le roi avait aussi vécu dans le palais par le passé mais il en eut assez des caprices et de la vanité de la reine. Comme d’autres rois de cette époque, il lui vint l’idée de partir à la chasse aux lions. Le lion le plus proche étant à quelques milliers de kilomètres du palais, il fit construire un chalet de chasse là-bas et déménagea dans ce chalet avec ses meilleurs amis. Ils tuaient le temps à coup de festins et de jeux de cartes car ils avaient, en fait, peur des lions et s’en seraient voulu de les prendre en ligne de mire.
Le roi avait confié les rênes de son pays à un conseiller de confiance (qui avait pris toutes les décisions importantes par le passé, de toute façon). Tous les serviteurs du palais étaient à la merci des caprices et du bon plaisir de la reine. Cette situation engendra labeur et tracas pour les centaines de serviteurs, gentilshommes et dames d’honneur car les plaisirs, désirs et ordres de la reine ne connaissaient pas de limite.
Le passetemps de la reine ne nécessitait personne à ses côtés, toutefois. Son activité préférée consistait à mirer sa propre beauté dans son miroir. Nous devons bien l’admettre: la reine était extrêmement belle. C’est pourquoi le roi, alors jeune prince, était tombé amoureux d’elle, ne se doutant aucunement alors des complications et effets secondaires à venir. On connaît désormais l’issue de ce conte de fées et les fantasmes du roi auraient pu avoir de fâcheuses conséquences pour les lions. Bien heureusement et au grand soulagement des protecteurs des animaux, aucun ne fut blessé.
Un beau jour, alors que la reine se mirait dans son miroir comme à son habitude, elle fut soudainement consternée. Elle perçut des rides autour de ses yeux. Elle ne put en croire ses yeux. Elle ordonna alors que toutes les lampes du palais soient rassemblées dans la salle du miroir pour qu’elle puisse s’observer à la lumière vive. Son désarroi croissait au fur et à mesure que la lumière se faisait plus claire. Elle perçut des rides autour de sa bouche et sur son cou. Cela ne pouvait plus durer! C’était forcément la faute de ce maudit miroir. Elle le considérait comme son meilleur ami jusqu’à présent et voilà qu’il se dressait contre elle! Telle haute trahison devait être vengée sur le champ.
«Brûlez ce miroir sur le bûcher!» ordonna la reine.
Les serviteurs se mirent immédiatement à empiler des bûches dans la cour du palais. On attacha fermement le miroir sur un pieu au centre du bûcher avant d’y mettre le feu.
La reine ordonna à ses serviteurs qu’on place son trône le plus confortable pile en face du bûcher afin qu’elle puisse apprécier pleinement, et de près, la destruction de son miroir si décevant. D’énormes flammes commencèrent à lécher le bûcher. Elles se muèrent ensuite en charbons ardents. Toutefois, le miroir se tenait encore au centre du bûcher. Fait de verre et d’argent, il résistait aux flammes du bûcher, tout simplement.
La reine tenta de brûler le scandaleux miroir sur une dizaine d’autres bûchers. Toutes ces tentatives furent en vain, comme pour la première, en fait. Enfin, pas tout à fait. L’effet répété des flammes avait déformé le miroir. Il renvoyait désormais une image autrement plus altérée à la reine lorsqu’elle s’y mirait.
La reine se déchaîna.
«Comme tout a échoué jusqu’à présent, je vais te détruire de mes propres mains!» cria-t-elle.
Elle partit chercher le fouet le plus cruel de son bourreau en chef.
«Je vais t’écrabouiller, sordide et malhonnête miroir!» criait la reine qui accourrait vers le miroir tout en se débattant avec le fouet.
Bien qu’elles ne faisaient pas grand mal au miroir, les bûches du bûcher qui se consumaient autour du miroir mirent rapidement le feu à la reine et elle fut réduite en poussière en un clin d’œil.
Tout se passa si vite que les serviteurs ne purent porter assistance à leur maîtresse. Ils n’auraient pas pu même s’ils l’avaient voulu. Inutile donc de chercher à savoir s’ils auraient voulu l’aider ou pas.
Bien mystérieusement, le reflet déformé de la reine s’est incrusté dans le miroir, préservant ainsi cette image pour toujours. Les serviteurs nettoyèrent les vestiges des bûchers et de la reine. Puis, ils replacèrent le miroir dans la salle du miroir où quiconque désirant être horrifié pouvait le voir.
Si d’aventure vous passez par là et en avez le courage, ne manquez pas l’opportunité de le voir.